Nantes se situe parmi les premiers ports français jusqu’au milieu du xviiie siècle. L’indépendance de Saint-Domingue, le blocus continental et la fin du commerce triangulaire provoquent l’effondrement de son trafic au début du xixe siècle. Dans le même temps, le développement de l’empire colonial français et la révolution industrielle entraînent la transformation du port de commerce en port de production. Une génération d’entrepreneurs protestants s’oriente alors vers de nouvelles activités commerciales et métallurgiques. Comme dans la plupart des grands ports européens, les protestants de Nantes sont très actifs en affaires durant cette période. Ils sont armateurs, négociants, manufacturiers mais aussi ouvriers et employés. Les protestants tissent des liens anciens avec le port de Nantes puisqu’ils y sont présents dès le xvie siècle avant d’en être chassés à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Et c’est par le biais d’étrangers originaires d’Europe du nord que le protestantisme renaît à Nantes lorsque le culte réformé est officialisé dès 1803. Plus en aval sur la Loire, Saint-Nazaire, la ville nouvelle, concurrence l’activité du port nantais. De nombreux acteurs, en responsabilité sur les quais, en mairie ou à la Chambre de commerce sont de confession protestante. Cet ouvrage analyse comment cette minorité contribua de façon décisive à la mutation de l’espace urbano-portuaire de Nantes/Saint-Nazaire au xixe siècle.