Contre les physiciens
Sextus Empiricus
Editeur: Les Belles Lettres
La physique grecque a quelque huit cents ans d’histoire quand, dans ce deuxième volet du Contre les dogmatiques, Sextus Empiricus (IIe-IIIe s. ap. J.-C.) entreprend de la décrire comme un champ de ruines. Ancrant son propos dans des distinctions fondatrices (entre principe divin actif et principe matériel passif, corps et incorporel, continuité ou discontinuité de l’espace et du temps), l’auteur fait, contre les philosophes de toute obédience et contre les mathématiciens, le tour des faiblesses de cette discipline. Sont successivement visées les différentes hypothèses, athées ou non, relatives à l’origine de la croyance en Dieu, la théologie, l’étiologie, les conceptions du rapport entre le tout et la partie, la pensée du corps comme entité tridimensionnelle, les théories du lieu, du mouvement, du temps, du nombre, de la génération et de la corruption. Les questions abordées concernant la « substance du temps » ou la possibilité même qu’un corps change de place, pour ne prendre que deux exemples, sont souvent des plus profondes. À propos de la doctrine « pythagoricienne » des principes, des raisonnements du philosophe mégarique Diodore Cronos, du monde dans le système du Portique ou de ce qu’on a appelé les « sorites » de l’Académicien Carnéade contre le polythéisme, ce texte, jusqu’alors inédit en français, se distingue aussi par sa richesse doxographique.