Réforme de l’audiovisuel public, conflits sociaux au musée Picasso ou encore à Beaubourg, avenir du régime de l’intermittence : chaque question, défi, problème rencontré par la culture fait l’objet d’études, d’expertises, d’audits ou de contrôles pris en charge par des inspecteurs et inspectrices. Leurs rapports sont des instruments courants et discrets, chargés d’éclairer la décision publique en toute neutralité. Présentées comme des caractéristiques atemporelles, la neutralité et l’indépendance de ces fonctionnaires n’ont pourtant rien d’évident. Elles résultent d’un processus historique que l’ouvrage entend éclairer en entrant dans la fabrique de ces documents administratifs, en s’intéressant à celles et ceux qui les écrivent, qui les commandent et les reçoivent, autant qu’aux pratiques d’écriture elles-mêmes. Fondée sur des entretiens et de nombreuses archives, l’enquête contribue ainsi à une sociologie de l’administration centrée sur les pratiques de travail et la socialisation des inspecteurs et inspectrices, sur leur manière d’habiter l’institution et d’en faire évoluer la culture au cours de la Ve République. Elle met en évidence la façon dont cette écriture administrative contribue à construire l’unité des politiques culturelles et à garantir la continuité de l’État.