Refusant de rabattre l'histoire plurielle et controversée de l’Union européenne au seul constat de son « déficit démocratique » actuel, ce livre examine les discours des théoriciens et des praticiens de la construction européenne afin de préciser le rapport de l’Europe politique à son ou ses peuples.Jusqu’aux premières élections des députés européens au suffrage universel en 1979, l’intégration européenne ne repose sur aucun « peuple constituant ». Pourtant, l’idée d’une démocratie spécifiquement européenne affleure déjà dans les trois courants idéologiques qui s’affrontent dès l’entre-deux-guerres autour de leur définition du « bon gouvernement » de l’Europe. Les personnalistes français défendent une vision « communautaire » de la démocratie, tandis que les fédéralistes italiens en appellent à l’émergence d’une démocratie « populaire ». À ces deux généalogies s’ajoute le courant ordolibéral, qui soutient une démocratie « de marché » constituée par et pour des « citoyens-consommateurs ». Or, si ce courant idéologique semble aujourd’hui hégémonique, Aliénor Ballangé défend dans ce livre l’idée que la démocratie européenne contemporaine résulte à la fois d’une dialectique complexe entre idéologies personnaliste, fédéraliste et ordolibérale, et d’une intense circulation de ses acteurs au sein de ces différents réseaux.