Les archives des plantations sont des sources fondamentales pour l'histoire de la traite et de l'esclavage. Celles de la plantation Reiset, conservées aux Archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence, constituent un ensemble unique, car elles permettent une approche de la réalité de la vie sur une plantation sur une longue période, de 1823 à 1864.
Au fil de la correspondance envoyée par les géreurs de la plantation - Georges Giraud puis Xavier Reiset - aux propriétaires restés en métropole, on pénètre le quotidien du monde des planteurs, et on parvient, grâce aux registres des travaux ou aux inventaires, à capter des bribes de la vie des esclaves. Au total, plus de 560 esclaves de tous âges ont vécu, travaillé et sont morts sur cette exploitation pendant la première moitié du XIXe siècle. Les documents disponibles permettent de suivre le destin d'une majorité d'entre eux jusqu'au moment où, à partir du mois d'août 1848, les 136 présents sur l'exploitation se rendent au bureau de l'état civil de la commune pour changer leur numéro matricule contre un patronyme et un acte de liberté.
Le témoignage brut que constituent les lettres des géreurs de la plantation du Lamentin compose un quasi-reportage historique sur le quotidien cru du monde des planteurs et de l'esclavage.