En 1973, Tom Wolfe inventait l'expression "Nouveau Journalisme' pour désigner ce type de reportage à mi-chemin du récit et du roman. L'auteur de L'Étoffe des héros, lui-même coutumier de cet effacement des frontières entre fiction et non-fiction, théorisait dans l'anthologie réunissant quelques-uns de ces "nouveaux journalistes' (Joan Didion, Norman Mailer, Hunter S. Thompson, Truman Capote, etc.) une écriture qui dans sa forme même se rapprocherait de la littérature mais dont le souci des faits et de leur véracité déterminerait son but : rendre compte du réel, raconter, enquêter, révéler. "Une investigation artistique', écrivait-il, tordant davantage deux termes qui de prime abord semblaient incompatibles.
Près de cinquante ans après ce manifeste du Nouveau Journalisme, Robert S. Boynton reprend le flambeau et en actualise le propos en exposant l'importance et la variété du journalisme littéraire contemporain. À travers une série d'entretiens avec les grands noms du reportage, de William Finnegan à Gay Talese, de Michael Lewis à Jane Kramer, l'ouvrage dessine un art du reportage comme l'on écrirait un art du roman. Qu'il s'agisse de Ted Conover exposant ses techniques d'immersion dans une prison d'État, ou d'Adrian Nicole LeBlanc racontant dix ans de vie avec une famille du Bronx, ces conversations à bâtons rompus avec des légendes du reportage forment un bréviaire passionnant du genre.
"Quels sont pour vous les éléments de base d'un bon récit ?
Les mêmes que pour la fiction : des personnages, un conflit, une évolution dans le temps.
Et une forme de résolution, si vous avez vraiment de la chance. Mais la vie ne fonctionne pas vraiment comme ça.'