Dans la famille Adler, il y a le grand-père, Melech, figure du ghetto juif de Montréal et gardien des traditions qui préside d'une main de fer aux destinées du clan et du dépôt de charbon qu'il possède. Il y a le fils, Wolf, bon à rien qui passe son temps à jouer aux cartes et à décevoir sa femme de toutes les manières possibles. Lui qui deviendra, par un fâcheux quiproquo – ou un heureux hasard, c'est selon –, l'idole de tout un quartier. Et, surtout, il y a le plus jeune, Noah, l'idéaliste qui ne supporte plus le carcan de son milieu et l'hypocrisie de ses aïeux. Noah, qui choisira de rompre avec ses proches pour tenter de forger sa liberté au volant d'un taxi et sur les bancs de l'université. Il ne tardera toutefois pas à découvrir que le monde étranger n'est pas moins rigide et codifié que celui qu'il a quitté.
Avec cette saga familiale à la satire mordante, Mordecai Richler nous plonge dans le Montréal de l'après-guerre, celui des enseignes au néon de la rue Sainte-Catherine et des salles de billard enfumées de la Main, des appartements sans eau chaude du Mile End et des bars huppés du centre-ville. Une ville bigarrée où la révolte acharnée d'un jeune homme ne suffira pas à faire tomber les murs entre les communautés.
Fils d'un ferrailleur, Mordecai Richler est né en 1931, rue Saint-Urbain, au cœur du Mile End, à Montréal. À l'âge de dix-neuf ans, il s'exile en Europe, d'abord en France et en Espagne, puis en Angleterre, où il publie L'Apprentissage de Duddy Kravitz en 1959. De retour au Canada en 1972, il s'installe dans les Cantons-de-l'Est avec sa femme Florence et leurs cinq enfants. Il meurt en 2001, laissant une œuvre incomparable à la renommée internationale.