Dans un récit alerte où la vie de Jaurès est scandée par une série ininterrompue de luttes ardentes et souvent risquées, l’auteur s’emploie à rappeler les résultats tangibles auxquels Jaurès a puissamment contribué. C’est d’abord la protection des mineurs (dès son élection en 1885), puis la défense de l’école laïque (1889 et 1910), la réhabilitation de Dreyfus (1898- 1906), la séparation des Églises et de l’État (1905), la solution de la crise viticole du Midi (1907), les retraites ouvrières et paysannes (1910), l’impôt progressif sur le revenu (1914).
Il commente enfin les domaines où Jaurès fut précurseur sans obtenir autre chose qu’une mobilisation insuffisante : droits des femmes, abolition de la peine de mort, arrêt de la colonisation brutale, pression de l’Internationale sur les gouvernements européens pour qu’ils dépassent les alliances mortifères, une réforme militaire d’ampleur, l’Armée nouvelle, et enfin la mise en place d’une structure internationale d’arbitrage des conflits pour préserver la paix.
Il annonce d’emblée sa volonté de se placer dans une perspective militante. En 1989, la production mémorielle avait débouché sur une recension des « Bastilles à prendre », marquant ainsi que deux siècles n’avaient pas suffi à réaliser les trois éléments de la devise républicaine, Liberté, Égalité, Fraternité.
Loin de se limiter à la piété ou la louange, ce Jaurès 2024 consiste plutôt à exhumer le grand homme du temple national, pour, en lui restituant la vie, en reprendre les acquis et expliquer la nécessité de continuer ses combats.