Les Nouveaux Fakirs
Fleur HOPKINS-LOFÉRON
Editeur: PUF
Parallèlement aux corps frénétiques de la Revue Nègre et des corps hachés menus du Grand-Guignol, ceux des fakirs, qui se multiplient à Paris à la fin des années 1920, misent sur l’érotisme d’une enveloppe invincible et incorruptible. Dans les salles de music-hall, envahies de vapeurs d’encens et d’éther, les uns s’enterrent vivants tandis que les autres se percent les joues. Ces spectacles de douleur attirent les foules. À travers la figure quasi-légendaire de Tahra Bey, « homme aux yeux étranges » à la source du Ragdalam de Hergé, c’est tout un pan oublié de l’histoire des spectacles, de la starification et de l’occultisme qui se donne à voir : ce « fakir-docteur », excellent publiciste, se fait le prosélyte d’une nouvelle pseudo-science, la volonthérapie, et singe bien volontiers la Passion du Christ. C’est sans compter sur un irréductible cercle anti-fakir, mené par Paul Heuzé, qui se lance dans une guerre sans merci contre l’obscurantisme. Abus de la crédulité publique, escroqueries et fausses sciences marquent le parcours de ces fakirs, qui n’ont rien à envier à nos gourous contemporains.