Entre 1944 et 1968, le nombre de doctorats ès sciences physiques soutenus en France est multiplié par 20 : la Seconde Guerre mondiale, et l’explosion d’Hiroshima, ayant révélé toute leur puissance, ces disciplines sont à l’avant-garde de la massification et de l’intensification de l’activité scientifique et de la formation à la recherche qui s’affirme des années 1940 aux années 1960. En faisant le choix d’une approche globale tenant ensemble la recherche et l’enseignement supérieur, cet ouvrage propose une socio-histoire de la révolution, silencieuse mais réussie, qui s’opère alors dans les pratiques professionnelles des physiciens et des chimistes, jusqu’à se généraliser à toutes les disciplines. Comment les femmes et les hommes de sciences, considérés et se considérant dans leur majorité comme des savants au sortir de la Seconde Guerre mondiale, changent-ils de métier et deviennent-ils progressivement, mais massivement, des chercheurs ? Comment les universités et les grandes écoles ont-elles affronté et rendu possible ce nouveau régime de production des faits scientifiques comme des élites scientifiques ?