Le haut Moyen Âge chinois
Pablo A. Blitstein
Editeur: Les Belles Lettres
Après la chute de la dynastie Han en 220, l’ancien territoire de l’empire entre dans une longue phase de transformation sociale, politique et intellectuelle. Pendant plus de trois siècles et dans l’ensemble de l’Est asiatique, la tendance sera à la fragmentation politique, aux frontières instables, aux rébellions, migrations et invasions. Cette période est marquée par la destruction et la violence, mais aussi par de multiples expérimentations sociales et politiques. Dans le Nord, des populations frontalières conquièrent le centre de l’ancien empire, en imposant leurs normes et leurs pratiques. Dans le Sud, des familles aristocratiques s’approprient les administrations et les façonnent à leur image. Au Nord comme au Sud, l’arrivée du bouddhisme et l’expansion du taoïsme s’accompagnent de nouvelles idées, de nouveaux acteurs et de nouvelles institutions. Époque d’intenses bouleversements, ce « haut Moyen Âge chinois » (220-589) interroge d’abord l’évolution de l’autorité sociale et politique. Comment certains groupes parviennent-ils à se faire une place, voire à s’imposer face à leurs rivaux?? Quels moyens les anciennes élites se donnent-elles pour dominer des populations mobiles et changeantes, parfois devenues incompréhensibles à leurs yeux?? Et face aux recompositions à l’œuvre, qu’advient-il des manières traditionnelles d’expliquer, de justifier et de rationaliser le pouvoir?? Dans ce monde médiéval aux allures parfois «?modernes?», dans ce mouvement fébrile d’idées, de populations et de frontières, s’ébauchent un certain nombre des trajectoires historiques qui marqueront durablement l’ensemble de la région – jusqu’à cette Chine que nous connaissons aujourd’hui.