L’histoire des ducs de Bourgogne remonte à la période carolingienne. Chefs militaires au départ, les premiers ducs ont fixé les limites de cette région. Le duché est fondé en 880 par les rois carolingiens Louis III et Carloman II. Nommé par Louis III, Richard le Justicier est le premier des ducs de Bourgogne, et l’un des six pairs laïcs primitifs de France. Après lui, le duché passe à Hugues le Grand, puis à Hugues Capet, et les premiers ducs sont des Capétiens, jusqu’à Philippe de Rouvres qui meurt sans enfants en 1361 et dont la succession amène les Valois à devenir ducs de Bourgogne. Quatre Valois-Bourgogne se succèdent sur le trône ducal au cours des XIVe et XVe siècles, et portent l’État bourguignon à une sorte d’apogée. La finesse politique de Philippe le Hardi va de pair avec une politique de prestige et un mécénat éclairé qui amène cet État double, unissant la Flandre et l’Artois à la Bourgogne et à la Franche-Comté, à une surprenante réussite sur le plan des arts et de la culture. Après lui, Jean sans Peur apparaît comme un personnage trouble et ambitieux, capable d’aller jusqu’au crime pour réaliser ses projets. Philippe le Bon reste l’un des grands souverains du XVe siècle. Élégant, sensuel, quelque peu nonchalant, il délègue le gouvernement de son double État mais sait aussi l’imposer comme l’une des composantes essentielles de l’échiquier européen de son temps, entre France, Angleterre, Empire, Espagne et Italie. Charles le Téméraire rêve d’Empire mais n’arrive pas à constituer entre France et Allemagne, un véritable État indépendant. Le rêve s’écroule avec lui : l’État bourguignon n’est jamais véritablement devenu une nouvelle Lotharingie, mais il a laissé le souvenir d’une vie de cour et d’un éclat sans précédent. Le souvenir de ce prestige explique l’attribution de ce titre, deux siècles plus tard, au petit-fils de Louis XIV qui se trouvera un peu malgré lui au cœur d’une faction aristocratique.
Jean-Pierre Duteil est professeur émérite d’Histoire moderne à l’Université Paris 8. Agrégé d’Histoire, il a réalisé une thèse sur l’histoire des jésuites en Chine puis des ouvrages sur la dynastie des Ming, les relations de voyages et la Renaissance.