L’eugénisme prend son essor dans les années 1880 et connaît son apogée après son premier congrès international de 1912. Pensé comme une biomédecine préventive, il se présente comme un remède à l’angoisse vécue par une partie des élites politiques et sociales face à ce qu’elles identifient comme le déclin et la « dégénérescence » de leurs sociétés. C’est alors que prospère un ensemble de discours idéologiques originellement issus de leur peur de se voir démographiquement submergées par des populations dangereuses ou indésirables.L’ouvrage porte sur les eugénismes latins longtemps opposés aux eugénismes nordiques ou anglo-saxons. Quels sont leurs spécificités et leurs points communs ? L’étude des cas français, italien et des pays des aires hispanophone et lusophone montre que la distinction entre les deux formes d’eugénisme reste valable. Néanmoins, durant la période envisagée (1850-1930) qui est celle des « fabriques de l’eugénisme », ce furent bien des savants latins qui proposèrent et légitimèrent une série d’interventions et de mesures, plus tard ramenées à ce que l’on appela alors l’eugénisme négatif.Si l’eugénisme a longtemps été considéré essentiellement sur son versant anglo-américain, allemand ou scandinave, il doit être pensé comme un phénomène culturel, social et politique de vaste portée internationale qui ne cesse de varier selon les époques et les pays. À travers l’évocation des liens et transferts culturels entre l’Amérique latine et l’Europe, l’ouvrage étudie les dynamiques transnationales qui affectent les mondes de l’eugénisme, de la raciologie savante et des recherches sur l’hérédité humaine.