Delly (1875-1947) (1876-1949)
"Depuis deux heures, M. de Gesvres errait dans la forêt, sans réussir à retrouver sa route, sans avoir rencontré âme qui vive.
Tout d’abord l’aventure lui avait paru amusante. Au cours de ses nombreux voyages, il avait connu des incidents de toutes sortes, quelques-uns fort périlleux et, comparée aux jungles de l’Inde, aux forêts de l’Amazone, aux sommets du Tibet, cette honnête forêt franc-comtoise lui semblait un lieu de tout repos.
Cependant, il commençait de se demander s’il parviendrait à en sortir.
Des petits chemins sinueux se croisaient partout, entre les sapins, les hêtres, les mélèzes, et formaient un véritable labyrinthe dans lequel Henry s’embrouillait de plus en plus. Le jour semblait près de disparaître, et la neige se mettait à tomber en flocons lents et serrés – la première neige de l’année annoncée par le vieux Guideuil, le gardien du château de Rameilles, celui qui avait dit aussi à Henry, ce matin, en désignant la forêt :
– Celle-là, elle est ensorcelée, monsieur le duc, depuis des temps et des temps. Bien des gens s’y sont perdus, et il y en a dont on n’a jamais retrouvé même les os."
Romance.
Henry de Gesvres, bien qu'habitué aux randonnés, se perd dans cette forêt du Jura que l'on dit ensorcelée. Par miracle, il aperçoit enfin une maison éclairée...