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grande couv
Au prisme du readymade
Jean-Marc Rouviere
Editeur: Editions L'Harmattan
16,99 €

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Dans sa lettre de 1907 au poète Hofmannsthal, le philosophe Edmund Husserl écrit : « plus l'œuvre d'art résonne du monde de l'existence ou tire de lui sa vie, plus elle réclame par elle-même une prise de position existentielle (…) et moins alors l'œuvre est esthétiquement pure ». Six ans avant son invention, ne lit-on pas ici une définition fidèle du readymade ? Voici la chose exposée sans fioriture, sans projet, pour elle-même, sans apprêt, sans manière ; la chose de nos besoins les plus grossiers, voici qu'on lui accorde une exposition dans un haut lieu réservé à l'élite des choses : la « Galerie d'Art ». Dans ce royaume des choses représentées, scénographiées, la chose triviale est, comme on dit, « nature ». C'est ainsi que le readymade sait être touchant. Le readymade est la résultante d'entités consubstantielles. L'une est relative à l'utilitarisme habituel de la chose, nous le baptiserons « Ordinaire » et l'autre à la capacité à offrir une contre-option à l'art conventionnel, nous reprendrons un terme duchampien, « An-art ». Ces deux entités partagent la même nature matérielle et formelle, l'Ordinaire et l'An-art ont en commun le même substrat. Si elles s'opposent nettement quant à leurs vocations respectives (permettre un usage trivial et faire œuvre), elles sont en communion dans le readymade sans s'effacer l'une l'autre et habitent toutes deux la galerie. Et alors le regard entre en jeu.