L'ennemi
Carlos Del Valle Rojas
Editeur: Editions L'Harmattan
Carl Schmitt reprochait au Traité de Versailles de remplacer le discernement de l'ennemi, par la pure et simple criminalisation de ce dernier. C'est précisément cette catégorie d'ennemi qui a été utilisée en Amérique latine dans le traitement des peuples d'origine par ceux qui ont prétendu les sauver de leur barbarie. Réduisant la culture à un pur dressage d'êtres assimilés au départ à des êtres « naturels », voire à des animaux, ils ont stigmatisé ces peuples comme étant les ennemis de leurs conquérants, vaincus d'une guerre juste. Les États-nations ont continué cette tradition en se proclamant garants de leur protection. Mais ils n'hésitent pas à les criminaliser dès qu'ils apparaissent comme des obstacles à leurs propres actions politiques, pour la terre ou la forêt. En témoignent les politiques du Chili à l'égard des Mapuches ou celles du Brésil à l'égard des peuples amérindiens d'Amazone.