L’approche réaliste d’Aristote offre une explication cohérente des causes et du déroulement des phénomènes sociaux en s’attachant à leurs causes fi nales, formelles, effi cientes et matérielles. Cependant, le nominalisme des Lumières réduit cette analyse aux seules causes effi cientes et matérielles : le seul objet digne de la vraie science serait d’étudier les mécanismes de transformation des choses du monde matériel. En revanche, elle ne saurait rien savoir sur les essences de ces choses et sur leurs fi nalités. Le réductionnisme nominaliste a ravagé les sciences sociales. En conséquence, le droit naturel a été remplacé par le droit positif, et l’économie classique par l’économétrie. C’était un triomphe, sans doute, mais était-ce une victoire ? Cet ouvrage vise à initier une prise de conscience au sein des sciences humaines et invite le lecteur à la réfl exion critique sur la manifestation de ces deux approches dans les domaines du droit, de l’économie et de la philosophie. Comment peut-on parler des actions humaines sans considérer leurs fi nalités ? Comment peuton mener une analyse juridique ou économique sans reconnaître l’universalité de concepts fondamentaux comme l’obligation, le choix, la rareté ou la valeur ? Ce texte examine l’impact analytique du réalisme et du nominalisme sur les sciences sociales, ainsi que les avantages et les inconvénients associés à chacune de ces approches. Hélène Terrom est titulaire d’un doctorat en droit international et maître de conférences en droit public. Elle est affi liée au Centre de recherche en éthique et droit de l’Ouest ainsi qu’au laboratoire de l’Institut des hautes études internationales de l’université Paris II. Elle est juge à la Cour nationale du droit d’asile. Olga Peniaz est maître de conférences en sciences économiques et dirige une licence bilingue en gestion internationale, économie et éthique, au sein de l’Université catholique de l’Ouest. Elle est chercheuse associée de l’équipe Éthique et gouvernance de l’entreprise et des institutions.