Pratiqué par une somme d’individus très différents, le commerce est un objet pluriel qui devient un sujet sensible quand il s’agit d’assurer la subsistance d’une population. De cette activité au xviiie siècle, on ne retient souvent que le négoce international et ses grands marchands. Tout l’enjeu de ce livre est, au contraire, de mettre en lumière les rouages des échanges dans ce qu’ils ont de plus ordinaire, à l’aune du commerce alimentaire.Pour ce faire, la Bretagne apparaît comme un observatoire privilégié : ouverte sur le monde avec ses ports coloniaux et leurs négociants, elle est aussi et surtout une région agricole dont le commerce intérieur et ceux qui le pratiquent sont sans éclat. C’est précisément cette dualité, à la fois sociale et géographique, qui renforce l’intérêt d’une étude à l’échelle bretonne. À la rencontre de la micro et de la macro-histoire, l’objectif est de faire dialoguer des espaces différents et d’analyser les productions et les réseaux marchands qui les relient. Ainsi, il est non seulement possible de mettre en lumière un pan de l’histoire économique qui a largement échappé aux recherches historiques, mais également de donner à voir le portrait d’une Bretagne jusqu’ici méconnue. Ancrée dans un territoire, dans un quotidien et dans une proximité, cette histoire nous entraîne sur les places des foires et marchés, derrière les comptoirs des boutiques ou encore devant les tribunaux consulaires qui règlent les faillites et les différends commerciaux.L’ouvrage éclaire les manières dont les marchands modestes limitent les risques du commerce et la façon dont ils manipulent la monnaie et le crédit. Mais quand bien même les risques sont contenus, les difficultés s’accumulent parfois, conduisant nos acteurs sur les chemins de la fraude ou à mettre la clé sous la porte.