L’époque moderne, du xvie au début du xixe siècle, représente un moment privilégié pour comprendre la genèse des nombreuses activités culturelles liées aux loisirs et aux divertissements, que ce soient le théâtre, les promenades, les tavernes, les courses de chevaux, la chasse, les jeux de cartes et de table, le billard, les cafés, les foires ou les jardins. D’aucuns soutiennent que ces phénomènes ne se développent qu’à partir de la seconde révolution industrielle (milieu du xixe siècle) mais l’histoire des loisirs et des divertissements se déroule sur un temps beaucoup plus long. Dès le xvie siècle, s’organisent des entreprises – théâtres et cabarets – entièrement vouées à l’offre de produits de consommation qui favorisent les sociabilités. Cette tendance ne cesse de se renforcer avec les cafés, les promenades et les jardins. Au cours des xviie et xviiie siècles, l’Église et l’État perdent peu à peu leur patronage sur les arts et la culture, laissant un vide que remplissent progressivement des entrepreneurs de loisirs. La « commercialisation », en plein essor entre les xviiie et xixe siècles, va de pair avec l’offre croissante de divertissements au plus grand nombre. Une culture urbaine et sécularisée du loisir se développe et, avec elle, un nouveau vocabulaire et une nouvelle conscience du temps relayés par une presse périodique de plus en plus influente.L’ouvrage veut contribuer au renouveau de la recherche en matière de jeux, de loisirs et de divertissements. Il restitue la richesse et la complexité des jeux dits traditionnels, ancêtres lointains des sports et des loisirs contemporains, en arrimant solidement l’époque moderne aux siècles qui la précèdent et à ceux qui la suivent. Il n’est désormais plus possible de refuser aux jeux, aux sports et aux loisirs d’exister en tant qu’objets d’histoire à part entière : ils constituent un phénomène social global.