Marxisme et légitimation
Okabele Ilebu Oboba
Editeur: Editions L'Harmattan
L’objet épistémologique et politique «?Karl Marx?» appartient à la culture universelle. C’est une pensée devenue monde. Sa présence au Congo-Brazzaville s’inscrit dans ce processus d’universalisation. Dans leur épopée, les révolutionnaires congolais d’août 1963 pensaient, durant un long moment, «?à partir de Marx?». Le problème était de savoir ce qu’ils pensaient ainsi?? De projet politique, bien sûr?! C’était un truisme pour des révolutionnaires. Mais surtout de dépossession. En effet, à travers un spectaculaire retournement dont l’histoire seule connaît les raisons, l’intention émancipatrice que portait la théorie de Marx au Congo-Brazzaville, à compter de la révolution d’août 1963, avorte à la suite des offensives polymorphes de la classe hégémonique postcoloniale. La déconnexion de la théorie de Marx de son énergie subversive réalisée, la bourgeoisie d’État postcoloniale arraisonne et instrumentalise les oripeaux de cette doctrine, à travers sa variante marxiste-léniniste bien conforme au paradigme soviétique, à des fins de légitimation et d’occultation du pouvoir postcolonial dont elle constitue la classe dominante. La théorie de Marx, de critique des idéologies, se métamorphose elle-même en idéologie. C’est la réitération équatoriale d’un processus déjà daté en Occident.