J’ai vu, j’ai entendu un homme qui prêchait par les champs, les villages et les villes.
Et qui disait : « Je ne suis pas celui qui marque l’Heure — mais je viens vous annoncer l’Heure prochaine.
« Celui qui marque l’Heure vient derrière moi — il est plus grand que moi, il est plus fort que moi.
« Son nom est PEUPLE — et en ce moment il dort.
« Mais je sais qu’il va s’éveiller — et c’est alors qu’il marquera l’Heure.
« Bienheureux les pauvres, car ils n’auront rien à perdre et tout à gagner. Bienheureux ceux qui servent, car ils goûteront l’air frais de la liberté.
« Bienheureux ceux qui ont faim maintenant, car ils seront rassasiés ; bienheureux ceux qui pleurent aujourd’hui, car ils auront sujet de rire.
« Alors malheur aux riches, car ils perdront tout ; malheur à ceux qui commandent, car personne ne leur obéira.
Ainsi parlait cet homme — et les gens se groupaient autour de lui ; et demandaient : « Quel est son nom, quelle est sa patrie — et quelle est cette Heure dont il parle ? »
Mais il dit : « Mon nom est : Quelqu’un ; ma patrie : La Terre ; et l’Heure que j’annonce est celle des comptes à régler. »
L’auteur de ce manuscrit fut un propagateur dévoué des idées libertaires. Ce manuscrit, dont une édition portugaise a obtenu un grand succès, expose dans un style clair la philosophie de la révolution anarchiste.