Platon définit la rhétorique comme étant l’art de gouverner l’esprit des hommes; cependant le but de l’éloquence c’est de modifier, peut-être en un discours d’une demi-heure, des convictions et des habitudes qui remontent à des années. Les jeunes gens, eux aussi, sont impatients de jouir de ce sentiment de puissance accrue et de vie sympathique plus large.
Ce que l’orateur désire, le but que l’éloquence doit atteindre, ce n’est pas le savoir-faire spécial qui consiste à bien dire une histoire, résumer clairement des preuves, discuter logiquement, ou s’adresser habilement aux préjugés de l’assemblée ; mais une souveraine prise de possession de l’auditoire. Nous appelons artiste celui qui joue sur une assemblée d’hommes comme un maître sur les touches d’un piano — celui qui, voyant la foule en fureur, sait l’adoucir et l’apaiser, l’amener à son gré au rire et aux larmes...
L’orateur, comme nous l’avons vu, doit avoir une personnalité réelle. Ensuite, il doit avoir tout d’abord le don de l’exposition — il doit posséder le fait, et savoir le présenter. Dans tout groupe d’individus causant sur un sujet quelconque, l’homme qui est le plus informé gagnera l’attention de l’auditoire, s’il le désire, et dirigera la conversation — quels que soient le génie ou la distinction que puissent avoir les autres personnes présentes ; et dans toute réunion publique, les gens écouteront celui qui possède les faits, qui peut et veut les exposer, alors même qu’il serait par ailleurs un ignorant, alors même qu’il aurait la voix rauque et serait disgracieux, qu’il bégaierait et crierait...