Tous les utilitaristes ont cherché un passage du bonheur personnel au bonheur général. Herbert Spencer, par une série de considérations très ingénieuses, a trouvé ce passage dans la doctrine de l’évolution. L’évolution de l’individu appelle nécessairement l’évolution sociale ; l’évolution sociale appelle non moins nécessairement l’évolution totale de l’humanité. A mesure que les relations se multiplient et s’étendent entre les hommes, le bonheur de chacun dépend de plus en plus du bonheur de tous....
Tous les progrès des sociétés modernes ont eu pour effet d’étendre et de mieux assurer pour chacun les conditions du bien-être en protégeant par de meilleures garanties les intérêts de tous.
L’égoïsme et l’altruisme tendent d’ailleurs à se transformer avec le progrès de l’évolution...
Si nous définissons l'altruisme toute action qui, dans le cours régulier des choses, profite aux autres au lieu de profiter à celui qui l'accomplit, alors, depuis le commencement de la vie, l'altruisme n'a pas été moins essentiel que l'égoïsme. Bien que primitivement il dépende de l'égoïsme, secondairement l'égoïsme dépend de lui.