Ce livre traite de l’histoire des Borgia.
« Les Borgia ont été de ce monde qui ne connaissait ni douceur, ni scrupules, ni remords ; ils ont mené cette guerre sauvage qui n’a point connu de droit des gens. En nous, c’est la conscience moderne qu’ils étonnent. Mais, pour l’Italie princière, ‘l’hôtellerie de douleur’ que Dante avait chantée déjà, ils n’ont été ni une déception ni une surprise... »
« La méthode insolente des Borgia, la chasse aux alliances italiennes et l’abandon cynique des alliés de la veille, fut inventée par les Rovere, et le cardinal Rodrigo Borgia, qui avait vendu sa voix et son crédit au conclave, lors de l’élection de Sixte IV, reçut de ce pape, en récompense de ce service, une édifiante éducation politique. On vit alors, autour de Rome et contre Rome, se former et se dénouer les ligues avec une rapidité vertigineuse : Milan, Florence et Venise, Naples, Ferrare, Urbin, Rimini, Bologne, se formaient, sur un signe du pontife, en groupes accidentels que la trahison renouvelait sans cesse. Sixte IV trahissait tout le monde, et Venise trahissait le plus volontiers Sixte IV. »
« Au jour de son élection à la papauté, le cardinal Rodrigue Borgia avait cinq enfants. Sur les origines de leur mère, Vannozza Catanei, planent certains doutes. Elle était pourtant, dit-on, de famille honorable. Tout ce que nous savons, c’est que vers 1480, à la date où pour la première fois son nom perce, elle était la femme d’un Milanais, George de Croce, exerçant sous le pape Sixte IV l’emploi de greffier apostolique, et que cinq ans plus tard, ce personnage étant mort en lui laissant un fils, elle épousa un gentilhomme de Mantoue, Carlo Canale, d’abord secrétaire de la Pénitencerie, puis gouverneur de tor’di Nona. A Rome, les propriétés de l’illustre dame étaient nombreuses... »