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grande couv
La civilisation au cinquième siècle
Frédéric Ozanam
Editeur: Editions Homme et Litterature
4,99 €

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Parmi les institutions qui devaient agir avec le plus de puissance sur le moyen-âge, il en est deux auxquelles je m’arrête, que je détache des autres à cause de leur prépondérance incontestée, je veux dire la papauté et le monachisme. Il faut remonter à leur origine, considérer ce qu’était leur force au moment où elles furent appelées à l’exercer, voir si elles la déployèrent pour le salut ou pour la corruption du genre humain...

Le christianisme commence, dit-on, à faire son avènement dans les consciences, dans la solitude intérieure de la personne humaine, et le chrétien des premiers siècles, du temps des apôtres, se suffit à lui-même ; il est son propre roi et son propre prêtre. Plus tard, il éprouve le besoin d’un rapprochement, et en même temps celui d’une autorité et d’une règle commune, et, vers la fin du premier siècle, le clergé se sépare et se distingue du peuple. C’est au second siècle seulement qu’on voit se détacher, dominer la puissance épiscopale ; au troisième siècle, les évêques des différentes villes se subordonnent naturellement aux métropoles des provinces, et ainsi se créait, à l’exemple de la constitution des provinces romaines, le pouvoir des évêques et archevêques métropolitains. Enfin, au quatrième siècle, lorsque l’Europe, l’Asie, l’Afrique, cherchent à avoir leur existence à part, les trois capitales de ces parties du monde deviennent trois grands patriarcats : Antioche pour l’Asie, Alexandrie pour l’Afrique, Rome pour l’Europe. — Dans les deux siècles qui suivront, lorsque les barbares auront séparé l’Occident de l’Orient, il se trouvera, sans usurpation, sans tyrannie, sans outrage à l’humanité, que l’évêque de Rome, patriarche de l’Occident, est devenu chef suprême de l’Église latine.