La rationalité instrumentale consacre la subordination du politique, du social et du culturel à l’économie, configurant ainsi de nouvelles dynamiques au sein du vivant à partir de l’économisme, qui accentue l’extractivisme. Toutes les sphères de l’existence sont pénétrées par une forme de bio-capitalisme, dans la mesure où le désir d’artificialisation de l’humanité combiné au devenir-objet des vivants impulse des transformations spectaculaires des corps, des vies, des existants et de la Terre. Le sujet ne se représente plus désormais qu’à partir de sa force de travail, de son apparence et du rôle qu’il joue dans le développement des économies de la production. Cependant, du fait de l’unification tendancielle du sujet au monde, la planète entière se métamorphose, donnant lieu à une forme de réductionnisme qui érige le capital, la matière, l’énergie et le flux informationnel en matrices de notre rapport au monde et à l’avenir sous la houlette d’une forme d’anthropocentrisme despotique.Cet essai invite au changement de notre perspective ontologique de l’extraction, de la prédation, de l’exploitation et de la domination, en envisageant une ontologie rénovée, fondatrice d’un co-existentialisme écologique de la pluralité des êtres. Cela implique par conséquent de repenser la bioéthique et l’écologie comme des politiques du quotidien, si nous voulons sortir du culte de la performance et de la rentabilité, en inaugurant une perception des corps, des êtres et du monde qui nous rendrait responsables du devenir de la Terre comme lieu commun.