Euskadi Ta Askatasuna (ETA) a annoncé sa dissolution le 3 mai 2018 après un conflit avec l’État espagnol qui a duré 60 ans. Ce conflit s’est étendu de chaque côté de la frontière quoiqu’avec des conséquences distinctes. Médias et journalistes se sont emparés du sujet. Ils ont été invités, depuis août 1994 par le ministère de l’Intérieur espagnol, à devenir parties prenantes de la lutte antiterroriste. Du côté scientifique, existent en langue anglaise ou hispanique des travaux statistiques reposant sur l’exploitation de base de données d’attentats commis par ETA ainsi que quelques analyses de récits de vie recueillis dans les années 1990. L’ouvrage Conflit au pays basque: regards de militants illégaux comble une lacune de l’analyse scientifique à partir d’une enquête empirique menée entre 2017 et 2019 auprès de plus de 60 ex-militants d’ETA et d’Iparretarrak (IK) en convoquant une méthodologie de sociologie compréhensive. Le livre cherche à comprendre pourquoi la lutte armée persiste après la chute du franquisme en Hegoalde et naît dans les années 1970 en Iparralde. Il analyse les motivations et les raisons qui ont porté ces acteurs – inculpés pour des faits de terrorisme – vers l’engagement illégal voire l’action armée, tout en proposant une analyse générationnelle des trajectoires de ces militant.e.s. Il étudie enfin la façon dont chaque groupe clandestin élabore son « éthique de la violence politique » et précise comment l’éthique de la responsabilité fait partie intégrante de l’ethos du militant clandestin abertzale (patriote).