Issu d’une famille très pauvre d’après-guerre, aussitôt devenu étudiant en chirurgie dentaire, les semelles des CRS se faisaient plus douces, les portes des maisons bourgeoises s’ouvraient à moi, les prêts bancaires m’étaient consentis sans problème, la main de ma bien-aimée m’était accordée... Premier remplacement, fin de 4e année, premier patient, 85 ans : « Bonjour Docteur ». Ce mot m’éblouit, me transperce, me transporte, ce mot magique qui résume à lui seul la réussite sociale. Pourtant, pourtant, il me semblait être le même ; je conservais mes amis, m’enrichissais d’autres, mon désir d’enfant devenait une exigence, ma soif de liberté était intacte : libre de mon temps, libre d’arpenter les Pyrénées à ma façon, libre de servir mes patients en gardant toujours à l’esprit le serment d’Hippocrate.