Charles-Marie Flor O'Squarr (1830-1890)
"Depuis trois ans, j’avais pour maîtresse la femme de mon meilleur ami. Oui, le meilleur. Vainement je chercherais dans mon passé le souvenir d’un être qui me fut plus attentivement fidèle, plus spontanément dévoué. À plusieurs reprises, dans les crises graves de ma vie, j’avais fait appel à son affection, et il m’avait généreusement offert son aide, son temps et sa bourse. J’avais toujours usé de son bon vouloir, simplement, et je m’en félicitais. Il avait remplacé les affections perdues de ma jeunesse, veillé ma mère mourante. S’il me survenait une épreuve, une contrariété, il pleurait avec moi, même plus que moi, car la nature m’a gardé contre l’effet des attendrissements faciles. C’est librement, volontairement, que je lui rends cet hommage. Qui donc pourrait m’y contraindre ? J’entends prouver, en m’inclinant devant cette mémoire vénérée, que je ne suis aveuglé par aucun égoïsme, que je possède à un degré élevé la notion du juste et de l’injuste, du bon et du mauvais. D’autres, à ma place, s’ingénieraient à circonvenir l’opinion par une conduite différente, tiendraient un langage plus dissimulé ; j’ai le mépris de ces hypocrisies parce que je dédaigne tout ce qui est petit. Je dis ce que je pense, je rapporte exactement ce qui fut, sans m’attarder aux objections que croiraient pouvoir m’adresser certains esprits faussés par des doctrines conventionnelles."
Les fantômes dont Ch.-M. Flor O'Squarr nous entretient ne sont pas des entités mais les tourments et les secrets qui hantent les hommes.
Recueil d'histoires :
"Les fantômes" - "La source Prégamain" - "La petite" - "Fantômes amoureux"