Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945)
"Laurent Carmin entr’ouvrit la porte de la salle à manger et vit sa mère en discussion avec un de ses fermiers.
Maître Casimir voulait des réparations locatives. Mme Carmin répondait qu’il n’y avait pas urgence. Laurent referma la porte.
De telles démarches se renouvelaient, au château, de la part des herbagers ; mais ils repartaient presque toujours sans obtenir satisfaction, car Mme Carmin était Normande comme eux, et bien plus forte qu’eux.
On l’admire pour cela dans le pays, et aussi pour ses biens, qui sont nombreux, espacés les uns des autres, des grands et des petits, fermes et manoirs, pressoirs, herbages et bois-taillis.
– À qui cela appartient-il ?
Réponse presque toujours la même :
– Est à Mâme Carmin.
Il y a de ces marquises de Carabas en Normandie, car les traditions de l’ancien temps n’y ont guère souffert du renversement des rois.
Le château, ancien et restauré, noble et charmant, s’entourait d’un parc mal entretenu par économie. L’église du village, située presque dans ce parc, avait l’air d’une dépendance. Il était, au milieu de la grande pelouse, une pièce d’eau sur laquelle naviguaient deux cygnes. Un saule pleureur se mirait. "
Laurent Carmin n'est pas un enfant de choeur (bien qu'il lui arrive de servir la messe). Il est rebelle et difficile, Cela crée des conflits avec sa mère : Comment éduquer un tel enfant ?