Dans une Europe sous la domination du régime national-socialiste, en particulier dans les ghettos, dans les camps de concentration et dans les camps d’extermination, des hommes et des femmes furent confrontés à la nécessité de faire des choix dans des conditions extrêmes. Plusieurs récits sont parvenus jusqu’à nous : une mère a dû sacrifier un de ses enfants pour permettre à un autre de vivre ; un détenu devenu « Kapo » a été contraint de choisir quels prisonniers protéger au détriment des autres ; un médecin ou soignant a dû choisir quels malades à l’infirmerie avaient le plus de chance de survivre pour leur éviter la sélection... Dans ces conditions extrêmes, l’ensemble des valeurs qui présidaient au choix entraient en conflit – qu’elles soient liées à la morale individuelle, à l’éthique professionnelle ou à la logique d’une résistance collective. En cela, le choix était à la fois impossible et en même temps inévitable et nécessaire. Le spécialiste de la littérature sur le génocide juif, Lawrence L. Langer, l’a désigné en 1980 par l’expression de choiceless choice : un non-choix, c’est-à-dire un choix qui n’en est pas un. En mobilisant des contributions de chercheuses et chercheurs issus de différents pays et spécialistes de l’histoire des camps et de la littérature de témoignages, cet ouvrage livre une réflexion interdisciplinaire sur la question du choix et des stratégies de survie.