À la faveur de la séquence que nous vivons depuis la dissolution surprise du 9 juin 2024, la Constitution réapparaît comme un enjeu central de luttes politique et sémantique. Si la Constitution peut signifier dépossession et impuissance, elle peut également servir de véhicule à une formidable force d'émancipation collective.
Tout ce qui est constitutionnel est-il démocratique, comme le déclarait Élisabeth Borne, alors Première ministre, dans un journal à l'occasion de l'adoption de la réforme des retraites via l'article 49 alinéa 3 ? Tout ce qui est inscrit dans la Constitution – y compris les pleins pouvoirs de l'article 16 – a-t-il vocation à être utilisé ? Surtout, la Ve République clôt-elle la quête du bon gouvernement, comme le déclarait Emmanuel Macron, en 2023, à l'occasion du 65e anniversaire de notre Constitution devant le Conseil constitutionnel ?
Autant de questions soulevées brillamment et de manière vivante par la constitutionnaliste, politiste et juriste Eugénie Mérieau, dans ce nouveau titre important de la collection " Le mot est faible ". En effet, depuis la dissolution du 9 juin 2024, la Constitution réapparaît comme un enjeu central de luttes politique et sémantique – le droit est un champ de bataille par excellence portant sur le sens des mots, dont les conséquences sont des questions de vie et de mort : pour le droit constitutionnel, de vie et de mort de la démocratie. Si la Constitution peut signifier dépossession et impuissance, elle peut également servir de véhicule à une formidable force d'émancipation collective. Comment dès lors déconstruire, peut-être, la Constitution sans tout détruire et faire le jeu des autoritarismes prêts à s'en saisir : voilà l'enjeu des éléments, si ce n'est de réponse, du moins de compréhension qu'apporte cet ouvrage.