Quand d'Alembert propose à Montesquieu de rédiger pour l'Encyclopédie les articles « Démocratie » et « Despotisme », celui-ci juge ces thèmes trop proches de ceux qu'il a traités dans son Esprit des Lois. Un article sur le goût, en revanche, l'intéresserait. L'Essai est donc inséré en 1757 à la suite de l'article de Voltaire sur ce même sujet, après la mort de son auteur. Véritable traité du plaisir, le texte montre combien Montesquieu, pétri de culture classique, est un précurseur des Lumières. Échanges, contacts, transports sont les conditions nécessaires à tout enrichissement, tout se bonifie en se communiquant. Mais les contradictions demeurent : prônant l'ordre, Montesquieu affirme la nécessité de la variété, insiste sur l'importance de la symétrie en vantant la richesse des contrastes. Édifiante, donc, cette confrontation avec Voltaire, homme de paradoxes par excellence. Au final : une formidable preuve d'ouverture d'esprit, de tolérance et de renouveau.