Suivant un rapport presque amoureux entretenu avec la résine de polyester pendant plus de deux décennies, un besoin d’écriture s’est développé chez l’artiste Laurent Pilon afin d’interroger différemment la viscosité de cette matière, l’immensité de sa puissance intrinsèque, un état matériel très particulier qui n’a cessé et ne cesse de le fasciner.
Ce désir ayant été suscité par un ensemble disparate de motivations, il ne s’agissait pas de démontrer quelques hypothèses, mais de composer une forme de paysage écrit dont la complexité permettrait de relever un ensemble de conditions liées à la pratique de la mise en œuvre sculpturale de la résine de -polyester. Cet ouvrage transmet une importante et unique expérience technique et la consignation d’idées novatrices qui pourront assurément aider à l’apprivoisement de la manœuvre de la résine de polyester et à l’appréciation de la charge de préfiguration qu’elle concentre.
En finalité plus large, l’auteur marque la pertinence d’un positionnement critique par rapport à la croissance exponentielle actuelle des états de la matière fabriquée ainsi qu’aux permutations matérielles qu’elle entraîne. Ce phénomène laisse sans aucun doute présager une incidence majeure sur la fréquence d’utilisations artistiques et sur les questionnements esthétiques reliés à la mobilité substantielle de la matière figurative. En raison de son extrême plasticité et de sa puissance de conversion dans le mixte matériel, la résine de polyester peut représenter un archétype de cette véloce itinérance contemporaine.