Quand il propose de dévoiler les ressorts les plus complexes de sa personnalité, Montaigne ne s'épanche guère sur sa vie maritale ou amoureuse. Isolé mais central, le thème de l'amitié tient une place d'honneur et d'importance dans les textes de l'humaniste. La solitude que feu son grand ami La Boétie lui a laissée en gage amène Montaigne à écrire le carnet de notes et de réflexions intimes qui est finalement devenue l'oeuvre magistrale des Essais. Aussi peut-on aisément comprendre qu'il dédie un chapitre à celui qu'il rencontra au Parlement de Bordeaux en 1557, et qui lui apprit la puissance du stoïcisme. Avertissant des dangers de l'amitié sur l'intégrité de l'individualité, Montaigne reconnaît cependant son caractère privilégié et indispensable, dans l'une des plus belles pages de la littérature française.