« Par intuition ou par profession, explicitement ou non, l'homme de lettres classique est toujours plus ou moins un traducteur. » Roger Zuber, professeur émérite à la Sorbonne, l'un des premiers à avoir exploré le rôle de la traduction dans la formation de la langue classique, s'est peu à peu forgé cette conviction. Les traducteurs du XVIIe siècle ne sont pas de simples transcripteurs, mais surtout des artistes de la phrase et des mots, théoriciens de l'écriture et créateurs de la prose d'art. Leur « imitation » des Anciens, dynamique et combative, est le véritable atelier du grand style, laboratoire où se forge le fameux « classicisme » français. Ainsi la prose, engendrée par le bonheur de s'inscrire dans l'antique tradition littéraire, a-t-elle fini par se confondre avec l'esprit français.