On voyage. On regarde les temples, les monuments, les édifices, les ruines, etc., avec un intérêt qui focalise d’autant notre attention sur un soi-disant essentiel qu’il est manipulé par des conventions et des habitudes. Or, il s’agit de faire acte d’autonomie en regardant selon notre curiosité et notre sensibilité. D’apprendre à voir librement. L’art est partout et aussi en dehors de là où on nous le montre. Il peut être dans les détails d’une pierre, d’une vitre, d’un mur, d’un sol qui, regardés de bonne façon, pourront se révéler comme des chefs d’œuvre.

Invité par l’université Paris-Descartes à s’exprimer sur son expérience de photographe voyageur, Patrick de Wilde a, dans cet esprit, poussé plus loin ses réflexions sur le sujet. Ordonnées et illustrées, elles donnent le présent ouvrage. Disputant aux penseurs autorisés le droit qu’ils se sont approprié de traiter du bon usage de la vie, Patrick de Wilde propose au regard de nouveaux chemins de réflexion. Voies secondaires, incertaines et méandreuses, qui n’ont pour ambition que de faire voir les choses autrement, non par les préceptes mais par l’intuition. À la suite de Nicolas de Cues, initiateur visionnaire de la docte ignorance, Patrick de Wilde reprend à son compte l’idée, désormais quantique, que le monde semble indéterminé et qu’il est conséquemment impossible de s’en faire une parfaite image puisque tout point d’observation diffère pour tout individu. Chaque âme est ce qu’elle regarde ! Chaque âme est photographie, l’affirmation d’un vécu.