Oublions, à la lecture de ce récit, les vives critiques faites depuis quelques années à l’encontre de l’exploitation forestière en zone tropicale, mère de tous les maux, destructrice du poumon vert de la planète ou pourvoyeuse d’argent pour un dictateur corrompu ou sanguinaire !
Dans les années 70, le Libéria vivait encore loin des mouvements politiques, sociaux ou éthiques qui ont profondément modifié la structure de nombreux pays africains. Le calme régnait. Le pouvoir n’intervenait pas dans la gestion des quelques entreprises forestières existantes, pour autant qu’elles respectent les lois mises en place, destinées à protéger la forêt. La population locale profitait directement de la manne financière générée par l’emploi dans des régions isolées et sans ressources autres que celles provenant d’une agriculture rudimentaire. Personne à cette époque ne pouvait prévoir les tragiques événements qui, tout d’abord sournoisement, puis brusquement, allaient dévaster ce pays et causer la mort ou le déplacement de centaines de milliers de personnes.
C’est le 12 avril 1980 que le pays a basculé dans l’incertitude de l’avenir. Peu à peu, les investisseurs établis avant cette date fatidique quittaient le pays. Je suis resté jusqu’à la fin de l’année 1986. Trois ans plus tard, le jour de Noël, Charles Taylor pénétrait au Liberia, à quelques kilomètres de Tappita, à la tête d’une troupe lourdement armée. La guerre civile débutait.