Il est bien mal aisé d'horrifier et d'émouvoir un spectateur lorsqu'on est, comme Racine, un tragédien classique. Comment en effet montrer la démesure et les tourments affreux qui s'emparent des âmes humaines sans contrevenir à la bienséance et au vraisemblable ? Comment représenter un moment du destin des Atrides sans exhiber le monstrueux et l'incroyable aux yeux de l'homme raisonnable et de bon sens que devrait être le spectateur du XVII^e siècle ? Comment relater la mort d'une princesse vertueuse, fût-elle une Atride, des mains de son propre père ? Comment donner à un infanticide la forme impeccable d'un vers racinien, sans passer du beau au sublime, c'est-à-dire de la mesure à la démesure. C'est très simple en vérité : Iphigénie ne doit pas mourir.