J’ai souhaité vous raconter les deux derniers millénaires de ma vie au milieu du marais de Machecoul auquel j’appartiens, délimité par la Gravelle, la route de Bouin et Port-la-Roche à l’ouest. J’ai assisté au recul de la mer, au travail des moines, à la funeste période des invasions des Normands, à la création de l’abbaye de la Chaume, à la récolte du sel, à l’appropriation par la noblesse, à son remplacement par les roturiers, au déclin du marais et à la ruine de mes bâtiments. Je peux me permettre de vous dire qu’à l’échelle de la vie d’un îlot calcaire, l’environnement est en perpétuel mouvement, l’eau de mer continue indéfiniment à fixer ses limites selon des critères qui lui sont propres et que l’homme gagnerait à un peu plus de modestie devant beaucoup, beaucoup plus fort que lui (la nature a l’éternité, l’homme une vie). Signé : L’île Gaudin