Qu'est-ce qu'un créateur d'entreprise ? Un fou, un ambitieux effréné, un être motivé par le profit, un homme qui rêve de dominer les autres ? Rien de tout cela. Autodidacte ou ingénieur diplômé d'une grande école, le créateur — selon Michel Cahier — est un homme de refus, de rejet, d'anticonformisme : inconscient des difficultés, mais amoureux de son idée, il n'accepte pas le message des anciens, le discours de la raison, il croit à l'innovation et au changement. Et il prouve le mouvement en marchant. Dix portraits de créateurs nous montrent dans ce livre à quel prix. Il est parfois très élevé, mais aucun d'entre eux n'éprouve le moindre regret d'avoir eu à l'acquitter : c'est au contraire une immense source de joie. Dans une deuxième partie, l'auteur, grâce au témoignage de trente-cinq ingénieurs, du plus obscur au plus puissant, nous tend le miroir de la société française : pourquoi sommes-nous si peu indulgents, si peu encourageants à l'égard des créateurs ? Il ose des réponses. Notamment celle-ci : peut-être ont-ils quelque chose que nous n'avons pas et que nous leur envions : le goût du risque. Non seulement cela devrait nous interdire de les condamner, mais nous inciter à les admirer et à les encourager. Au passage, il y a quelques belles volées de bois vert pour les banques, les administrations, les grandes entreprises et autres grands prêtres du management et donneurs de leçons en tout genre sous lesquels la France croule.