L'autonomie, caractéristique essentielle du monde vivant, se trouve transformée chez l'être humain par les objets techniques qu'il crée — depuis les premiers silex taillés jusqu'aux ordinateurs d'aujourd'hui et de demain — ainsi que par des productions symboliques. Ces objets définissent en retour l'identité de l'homme : ils sont certes le résultat de son ingéniosité et de son intelligence, mais aussi et surtout de véritables prolongements des ses capacités naturelles, supports de ses activités cognitives et affectives et de ses communications. L'homme et ses productions se définissent donc mutuellement, au cours d'un processus d'auto-organisation qui doit rester viable dans un environnement ainsi modifié et de plus en plus complexe, incontrôlable et souvent inintelligible. Il s'agit là d'une constatation qui n'a rien d'abstrait : l'autonomie concerne la vie quotidienne, la survie même de l'humanité, les organisations familiales et sociales qui intègrent la personne autant qu'elles sont construites par elle. Avec L'homme autonome, Jacques Miermont propose une étude synthétique des processus d'autonomisation, de leur dynamique, de leurs fonctions créatives, et de leurs éventuelles défaillances. Il montre la pertinence d'une approche qui combine les sciences de la cognition et de la communication, à partir d'un inventaire critique de multiples données issues de divers horizons — psychologie, psychiatrie, psychanalyse, éducation, cognition au sens large, théories de la complexité et des systèmes, épistémologie.