L'architecture est née à la conscience des sociétés humaines comme 'monumentale', établissant l'équation 'architecture = monument'. Cette vision a bâti le monde pendant des millénaires. Mais à l'époque de la modernité, de nouvelles équations s'installent, si bien que le 'monumental' peut devenir le 'banal', et vice versa.À quoi doit-on ce bouleversement de conceptions? Existe-t-il, dans notre époque actuelle, la possibilité du monument, peut-on en envisager la conception? Le concept de monument est-il suffisamment évident? Quelle est la multiplicité de significations que le terme 'monument' évoque?Si l'on considère l'histoire comme permanence de valeurs transmises, leur traduction ne fait guère problème dans des compositions paradigmatiques, monuments qui entendent précisément célébrer pareilles certitudes indiscutées et indiscutables. Mais l'augmentation générale de la complexité des phénomènes, un relativisme diffusé, la crise des idéologies, affaiblissent aujourd'hui la possibilité de créer des monuments exaltant ingénument personnes ou événements considérés comme emblématiques de valeurs. Le concept même de 'valeur' entendue comme vérité universelle fait l'objet d'une critique diffusée, accentuée par la complexité de la métropole actuelle. L'ensemble de ces conditions amène à repenser dans ce cahier 4 de matières la relation entre architecture et monumentalité et à réfléchir sur les transformations du concept même de monument.