Proust, Musil : partage d'écritures
Anne Longuet Marx
Editeur: Presses Universitaires de France (Réédition Numérique Fenixx)
On supposera qu'il existe une histoire universelle des genres au sein de laquelle certains noms tiennent lieu de repères, ouvrant ou achevant des aventures formelles ; scansion triomphante ou tragique. Proust et Musil figurent dans l'histoire du roman, à un moment où, au début du XXe siècle, le sujet, voire le sujet de l'écriture, ne s'appartient plus à lui-même, où la conscience, privée de son miroir autobiographique, n'est que poussière de temps, où enfin l'homme, fût-il homme de lettres, n'apparaît plus ès qualités et où la question fondatrice devient : Comment, et malgré cela, écrire ? Ce que la comparaison met en lumière, c'est de quelle manière les choix esthétiques de chacun relèvent de choix éthiques contradictoires, donnant à lire de manière exemplaire le partage des écritures d'une époque. Paris contre Vienne ? Sans doute, à la condition que l'on considère ici et là l'effet singulier d'une vérité et l'épaisseur historique de cette opposition, mais aussi que l'écriture surgit comme un événement imprescriptible, fût-ce par un lieu.