Dans son nouvel ouvrage, Bernard Galambaud montre comment la crise économique a induit à la fois une crise sociale, une crise politique, une crise de l'entreprise, et une crise du management. Hier encore, système économique, système social et système politique étaient des réalités nationales imbriquées. Aujourd'hui, l'économie s'est mondialisée, échappant ainsi à la tutelle politico-sociale nationale. Mais cette autonomie de l'économie l'a placée, davantage encore, sous l'emprise des exigences financières à court terme. Aussi, demain n'a plus grand sens. Mais, dans l'entreprise sans lendemain, il n'y a ni construction collective, ni but à atteindre. Le travail perd son sens, autre qu'instrumental, et l'entreprise se vide de sa réalité sociale. Face à cela, des dirigeants inventent une nouvelle entreprise, entraînant une nouvelle configuration sociale et une gestion des ressources humaines à « plusieurs vitesses ». Certains salariés sont fidélisés, formés, impliqués dans le fonctionnement de l'entreprise. Ils bénéficient de garanties diverses, et d'une véritable gestion de leur carrière. Ils sont vraiment les salariés de l'entreprise. D'autres, par contre, sont affectés à un seul segment de l'entreprise, segment dont ils subissent tous les aléas. Bien sûr, ces salariés peuvent - éventuellement - passer d'un segment à l'autre, mais selon les simples règles d'un marché du travail. Enfin, d'autres salariés sont tout simplement précarisés. Et puis, l'on ne saurait oublier toutes les femmes - ni tous les hommes - qui sont purement et simplement exclus de l'entreprise et, parfois même, exclus de la société. Bernard Galambaud analyse un monde qui, pour s'adapter, abandonne une part des siens, une entreprise qui, régie par une espèce d'ordre barbare, s'accroît et se développe en organisant le sacrifice de ses salariés.