Avant comme après l’introduction de l’histoire dans les disciplines dites « d’éveil » les instructions officielles de l’école élémentaire ont toujours conseillé d’utiliser, à des degrés divers, le milieu local. Cette démarche est aussi recommandée au début de la scolarité secondaire. Elle pose des problèmes théoriques et pratiques qu’il convient d’analyser, sous peine de voir le recours au milieu relégué au rang des gadgets pédagogiques ou des bonnes intentions non suivies d’effets. Quels peuvent être les objectifs de l’exploitation du milieu dans l’enseignement historique ? S’agit-il d’une variante de l’histoire locale traditionnelle ? Sans le château de Versailles ou la cathédrale de Chartres, le milieu est-il vraiment dépourvu d’intérêt ? Comment les enfants vont-ils réagir devant des sources historiques réelles ? À toutes ces questions, Jean-Noël Luc apporte la réponse d’un historien qui poursuit simultanément des recherches dans sa discipline et sur l’enseignement de celle-ci. À partir d’une analyse de la perception de l’Histoire par l’enfant et d’un inventaire des matériaux disponibles, il propose d’utiliser le milieu pour initier les élèves à la méthode historique. Cette démarche facilite l’accès à l’Histoire et la maîtrise de la chronologie. Mais elle favorise aussi l’apparition de l’esprit critique. Elle apprend à interroger le passé et, par transfert des compétences acquises, le présent. Elle peut ainsi contribuer à l’autonomie intellectuelle du sujet. Un tel projet fait de cet ouvrage un instrument de réflexion et de travail pour tous les enseignants de l’école élémentaire et du premier cycle soucieux de conserver un enseignement historique rénové, au service de la formation des enfants et des adolescents.