Temps libre et temps à soi : l'enjeu éducatif et culturel
Joseph Leif
Editeur: Fenixx Réédition Numérique (Esf Éditeur)
La technique et l’automation libèrent de plus en plus l’homme des servitudes de son travail. Mais cette nouvelle et grandissante disponibilité de soi risque de livrer chacun à d’autres conditionnements où, pas plus que dans le travail, l’individu ne disposera réellement, à sa convenance, de son temps libéré tant que celui-ci ne sera pas, pour lui, un temps à soi, non organisé d’abord ni exclusivement de l’extérieur. Cette condition implique la nécessité fondamentale d’une préparation individuelle, dès l’école, à l’emploi d’un temps libre, à soi, par la personnalisation des activités que chacun y pratiquera selon ses besoins, ses désirs, ses motivations, ses intentions et ses décisions ; grâce à la mise en œuvre de la totalité de ses ressources singulières, pour ses satisfactions, ses libres plaisirs, pour ses épanouissements ; pour les transformations et les créations qu’il fera de soi et des choses. Processus où l’activité devient expression des possibilités et des richesses que chacun porte naturellement et intimement en soi, dans sa vie latente, mais que l’éducation et l’enseignement ne parviennent pas aisément à libérer ; ni non plus une organisation ou une administration extérieures dont le risque est toujours plus ou moins de pervertir le temps libre en le détournant du temps à soi. La nécessaire préparation à l’emploi d’un temps libre, véritablement à soi, s’avère être aussi, au moins dès les débuts de la scolarisation, l’une des voies les plus efficientes de l’apprentissage de la liberté.