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grande couv
Industrialisation et sociétés en Europe occidentale, 1880-1960 (2) : France et Italie
Jean-Charles Asselain, Alexandre Fernandez
Editeur: Fenixx Réédition Numérique (Messene)
7,99 €

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Examinée sur la longue durée, la France combine la capacité à être au rendez-vous des grandes révolutions technologiques et la conservation de structures de production traditionnelles. L’industrialisation est à la fois un processus - continu malgré l’exception vichyste - et un fait social total. D’où la tentative de fournir certains éléments d’explication à ce qui est, au-delà de l’écume des événements, le fait majeur du siècle ici considéré : la formation d’une « société industrielle ». Ce qui signifie que les lieux du travail et du cercle familial se sont séparés, que le salariat s’est généralisé et que la division du travail s’est affinée ; tandis que l’accumulation continue du capital nécessaire au bon fonctionnement du système a contribué à imposer, au-delà des entrepreneurs, l’accoutumance idéologique aux normes de l’économique. Mais c’est également un système de production qui a multiplié et diversifié les produits manufacturés mis à la disposition des hommes. Ces « choses », dont parlait précisément en 1965 Georges Perec. Et lorsque le romancier sous-titre son livre « une histoire des années soixante », et prétend « qu’il y a entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé », on sent bien que sur un autre registre que les statistiques ou la sociologie la littérature a saisi cette mutation de la vie matérielle, de la quotidienneté. L’angle d’attaque privilégié par l’auteur est celui des relations internationales, enjeu vital pour une économie aussi dépendante du reste du monde que l’Italie. L’évolution des échanges extérieurs représente à la fois un puissant révélateur des progrès de l’industrialisation, et l’une des principales forces d’impulsion, intervenant tour à tour comme moteur de la croissance et comme facteur de blocage. A plusieurs reprises, le choix du protectionnisme, associé à une politique d’industrialisation volontariste, entraîne un développement accéléré des secteurs de base, mais aussi une montée des déséquilibres, suivie d’une brusque retombée. L’échec le plus flagrant est celui du fascisme, dont la politique d’« autarcie » n’aboutit paradoxalement qu’à exacerber la dépendance extérieure de l’économie italienne, tout en précipitant le pays dans la guerre. La grande expansion d’après-guerre s’identifie avant tout à la réouverture aux échanges internationaux et au choix de l’Europe. Les tensions sociales qui accompagnent une croissance plus rapide encore que celle de l’Allemagne, ne doivent pas faire oublier les réalités du miracle économique : qui aurait prédit, vers 1880, que l’Italie dépasserait, un siècle plus tard, la puissante économie britannique ? qui aurait parié, vers 1950 encore, sur un « rattrapage » aussi rapide ?