Propos d'un député
Mamadou Me Diop
Editeur: NENA
Durant toutes les périodes où je siégeais à l'Assemblée nationale et au Sénat, le Parlement m'est apparu comme le moyen de mettre en ouvre, dans l'échiquier politique sénégalais, l'idée de représentation du peuple dans l'exercice du pouvoir politique. Cette idée illustre parfaitement le sens donné au mot « parlement ». Celui-ci est, en effet, un concept ancien et sa signification a évolué au cours du temps. Étymologiquement, le mot « parlement » vient du verbe « parler ». Le « parlement » fut l'action de « parler » avant de devenir le lieu où l'on « parle ». Le Parlement se présente aujourd'hui comme une institution représentative du peuple souverain. En Angleterre, terre d'élection du régime parlementaire, la notion s'est formée avec l'évolution de la monarchie. Jouant le rôle d'un contre-pouvoir face à l'absolutisme du pouvoir royal, « le Parlement » a fini par devenir une sorte de rempart. En France, l'utilisation du mot « parlement » n'a été introduite dans le système constitutionnel que très tardivement. Ce n'est qu'en 1946 que la Constitution a réservé un titre spécial au « Parlement ». La Constitution française du 4 octobre 1958 emploie toujours le mot « parlement », mais en précisant toutefois qu'il comprend l'Assemblée nationale et le Sénat (article 24 alinéa 1). J'ai pu apprécier, au cours de mes mandats de député et de sénateur, le rôle important du parlementaire dans l'organisation et le fonctionnement de la société. Rouage essentiel du système politique, le parlementaire, malgré la singularité de sa position et les énormes difficultés qu'il rencontre dans l'exercice de son mandat, contribue à la démocratisation de l'espace politique, partant, au succès de l'ouvre de fondation et de consolidation de la nation. C'est pour apporter ma contribution à cette action que j'ai été amené à construire et à rassembler mes différentes interventions à l'Assemblée nationale autour du concept de l'État et de son fonctionnement depuis l'avènement de l'alternance. Il m'a semblé également nécessaire de donner à cet ouvrage une dimension plus large, en développant une réflexion approfondie sur les réformes fondamentales à entreprendre dans l'État et les entités régionales et locales. En d'autres termes, il s'agit de jeter un éclairage avisé sur les principales questions débattues à l'Assemblée nationale. Un tel éclairage est renforcé par les critiques nécessaires pour que le « pouvoir », quelles que soient les vicissitudes de la vie politique, demeure social et démocratique. Car, comme l'avait souligné en son temps J.J. Rousseau, « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit1 »