Oui, ils disent ça rue Saint-Filin, à trois stations du métro de la Rive-Gauche, à dix pas de la Bastille. Dans la méchanceté de cette rue, dans l'inconscience de l'alcool, ils témoignent que le ventre « est encore fécond ». Oui, il y a un groupuscule néo-nazi. Oui, ils disent youpins et ils font la blague sur le poulet cramé. Ils disent bougnoules, ils disent niakoués, ils disent pédés. Et parce qu'ils le disent, il ne faut pas se boucher les oreilles ni se taire, il faut le dire. Et on se dira un jour que non seulement le ventre est encore fécond, mais qu'on eut tort de laisser « vivre la bête ».
Qui d'autre que D. Belloc, l'auteur du Collier de chien, sur la rafle du Vel'd'hiv', des Sélectionneurs, sur la déportation des homosexuels, pouvait écrire ces ignominies pour que chacun d'entre nous veille à ce qu'elles ne soient jamais réalité. Ce n'est plus ici le racisme au quotidien, c'est l'innommable au jour le jour.